Gwladys Poullain est une architecte bretonne spécialiste de la terre crue. Chez elle, elle a mis en place une cloison rayonnante entre le poêle à bois du salon et la salle de bains.
Ce mur intérieur à forte inertie stocke la chaleur et la restitue lentement dans les deux pièces. La paroi en briques de terre (ou adobes) apporte également un vrai plus esthétique côté pièce de vie et salle de bains. Gwladys nous explique comment construire ce type de cloison naturelle.
Ce qui est recherché ici est une inertie permettant de capter la chaleur du poêle et de la redistribuer de part et d’autre de la cloison, une meilleure acoustique pour la salle de bain, la régulation de l’hygrométrie à proximité de cette pièce humide et l’esthétique. Nous ne recherchons pas de performance thermique puisque c’est une cloison au centre de la maison.
Dans le cadre de cette rénovation nous allons rechercher, parmi les terres d’excavation des chantiers avoisinants, celle qui sera la plus argileuse. Il est aussi important à ce stade d’avoir une idée de la quantité de terre dont nous aurons besoin. Pour notre cloison (1 x 2,50 m) nous aurons besoin d’environ 0,175 m³ de terre tamisée (l’équivalent de 3 poubelles de 80 litres). Il est également préférable que la terre n’aie pas beaucoup de cailloux pour faciliter le tamisage.
Ce test de la pastille permet de connaître la teneur en argile de l’échantillon et d’observer le retrait de la terre après séchage. Nous pouvons alors définir la dimension du moule à réaliser par rapport à la taille de la brique finie souhaitée.
1. Réaliser un moule de 5 cm de diamètre et de 1 cm de hauteur (avec un ancien tuyau de gouttière scié par exemple).
2. Mélanger une part de terre tamisée avec un peu d’eau afin de réaliser une boule plastique et la tasser dans le moule. Laisser sécher.
3. Observer le résultat. Ici, le retrait est moyen. Dans le cadre de notre projet, nous n’allons pas le prendre en compte étant donné que nous réalisons de toutes petites briques. »
Tamiser le volume de terre nécessaire avec un tamis plus ou moins fin et choisir une fibre végétale (paille de blé, paille de lin, chanvre, copeaux, carton, etc) selon les ressources disponibles et le rendu souhaité. Dans ce projet, nous utilisons de la paille de chanvre. Pour l’eau, récupérer de l’eau de pluie pour éviter de consommer de l’eau potable.
Recette abode
◆ 3 seaux de terre tamisée
◆ 1 seau de fibre
◆ ~ 1 seau et demi d’eau*
1. Disposer la terre tamisée sèche dans un récipient ou sur une bâche.
2. Mélanger la terre et les fibres.
3. Creuser en puits si vous travaillez sur une bâche.
4. Ajouter l’eau et bien mélanger. Laisser macérer la préparation 6 à 24h à l’abri du soleil. L’eau de gâchage pénètre dans la terre et les composants, la fibre commence à se décomposer, le mélange devient collant et plus facile à modeler.
* La quantité d’eau sera fonction de la terre utilisée. Le mélange obtenu doit être plastique, proche de la pâte à modeler.
Il faut savoir que quand on ajoute peu d’eau, le mélange sec est plus difficile à mouler mais il y a moins de retrait. A l’inverse, si l’on ajoute un peu plus d’eau, le mélange est plus facile à travailler et les briques plus faciles à mouler, mais le retrait est plus important.
Fabriquer les moules
Les moules de briques d’adobe sont soit en contreplaqué marine ou contreplaqué enduit, soit en bois de récupération en appliquant une peinture à l’intérieur. L’intérieur du moule doit être lisse de manière à pouvoir démouler facilement et étanche pour pouvoir le rincer entre chaque brique.
Calepiner
Réaliser un schéma du montage des briques afin de savoir combien de types de moules doivent être réalisés, ici l’appareillage sera réalisé en quinconce, nous aurons donc des demi-briques aux extrémités. Ce schéma servira également à définir le nombre de briques entières et de demi-briques à confectionner.
Séchage
Le plus simple est de faire sécher les briques au sol. Laisser sécher 10 jours puis retourner sur chant et laisser sécher encore 2 à 3 semaines.
Si on manque de place, fabriquer une tour par exemple en bois de palettes et la positionner dans un endroit ventilé, si possible exposé au soleil. Il sera nécessaire de retravailler les palettes afin de diminuer le vide entre chacune des planches. Une étagère de rayonnage métallique convient aussi très bien, il est parfois possible d’en récupérer auprès de magasins.
Recette du mortier
◆ 1 sceau de sable
◆ 1 sceau de terre pas trop grasse
◆ 1 litre d’eau
Mélanger ensemble tous les ingrédients. Pour des raisons esthétiques, on recherche à avoir une épaisseur de joint identique d’un étage de brique à un autre.
Une réglette en bois d’une épaisseur d’1 cm permet d’appliquer la même quantité de mortier d’un étage à l’autre.
Comme pour une maçonnerie classique, on vient ensuite faire les joints. Ceux-ci peuvent être fait à l’aide d’une poche à douille faite maison.
© images : Gwladys Poullain (sauf portrait : Esprit Cabane)
Gwladys Poullain est une jeune architecte basée à Douarnenez, dans le Finistère. Elle aime travailler la terre crue (formation d’ouvrière professionnelle en éco construction) et la paille mais pas que… Pour découvrir ses réalisations architecturales (constructions, extensions, abris de jardin) en matériaux naturels, voir son site jaune-paille.tumblr.com
Gwladys et sa collection de terres colorantes récoltées en Bretagne.
Enduits de terre crue, 20 recettes
Sylvain Moréteau
Colorés ou brut, lisses ou granulés, droits ou arrondis... Les enduits terre se sont taillés une place de choix dans la gamme des parements écologiques.
A faire soi-même ou conditionnés prêts à l'emploi, ils ont de quoi séduire : matériau sain à l'impact environnemental très faible, forte capacité de régulation de la température et de l'humidité, absorption des odeurs et des bruits, respect du bâti ancien, relative facilité de mise en oeuvre, sensualité du matériau...
Si l'on ajoute à cela une esthétique conjugée à l'impres-sionnante variété des couleurs, textures et formes possibles, alors l'envie d'en mettre chez soi devient irrésistible !
Après avoir passé en revue tous les atouts de la terre, place aux conseils de Sylvain Moréteau qui a trempé ses mains dans la terre :
Choisir la terre et autres matériaux : où trouver la terre, avec quoi la mélanger, quelles matières utiliser pour la teinter ? ...
Savoir la mettre en oeuvre : préparer la terre, doser le mortier d'enduit, s'adapter aux supports, réaliser corps d'enduit et couche de finition, choisir le bon adjuvant...
Toutes les informations sont là ponctuées de nombreux conseils. + un carnet de 20 recettes fournies par les meilleurs artisans : primaire d'accroche, enduits de toutes sortes, mur chauffant, remplissage d'une cloison ossateur bois, enduits isolants, peinture à l'argile, recettes expliquées pas à pas.
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Très bel article et très intéressant. Je le garde en mémoire. (par contre seau sans C).
Merci Patricia ;-)
Bonjour,
Merci pour cet article passionnant. Nous allons essayer de faire exactement la même chose, mais avec un radiateur à inertie fluide de 2m de haut à la place du poêle à bois.
Je m’interroge seulement sur le fait que, chez nous, la baignoire sera proche de ce mur en brique crue. Peut-être avez-vous un conseil ? Pas d’inquiétude à avoir ou à l’inverse, attention à bien protéger la brique crue des projections d’eau ?
Merci !
Bonjour Christophe,
Oui attention à bien protéger votre terre crue (donc pas cuite ! ce ne sont ni des briques ni du carrelage qui sont des terres cuites) avec soit un carrelage, soit un enduit type tadelak…
Cordialement,
Nathalie